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  • Photo du rédacteurL'équipe du Cheeta

Apprendre par soi-même

Ma double pratique des arts martiaux japonais et du systema m'a plongé très tôt dans une forme d’abîme conceptuel : La ou l'un m'enseignait des techniques (patterns), l'autre m'incitais à me libérer des formes et à suivre mon instinct... Afin de limiter ce dédoublement de personnalité latent, j'ai toujours cloisonné autant que possible les deux pratiques résistant à la tentation d’effectuer une quelconque synthèse, cloisonnement à l'époque largement encouragé par mes professeurs qui voyaient d'un mauvais œil qu'un de leur élève pratique une discipline dont ils ignoraient presque tout (Contrôle contrôle quand tu nous tiens...).

Bien évidement les tentatives de cloisonnement avaient leurs limites et il arrivaient parfois qu'une des pratiques s’exprime parfois dans l'autre mais, puisque je m’efforçais de l'éviter, cela se faisait fréquemment sous mon seuil de conscience...Pour mon plus grand plaisir puisque cela arrivait toujours fort à propos.

De nombreux pratiquants viennent au systema déçus des styles "traditionnels" basés sur la répétition et l'approfondissement de patterns présélectionnés dans un objectifs particulier. Souvent ceux ci peuvent connaître un véritable passage à vide lorsqu'ils découvrent les sports de combat et une certaine forme de "réalisme viril" qui peut y être lié. Une fois cette expérience vécue par le moyen de la rue, du sport de combat ou de la simple prise de conscience d'une certaine forme de violence, la répétition de techniques pré arrangée peut paraître souvent bien stérile...Probablement à raison d'ailleurs si l'on s'y cantonne en rêvant au sublime.




Pourtant et malgré l'immense avancée que représente la méthode russe par rapport à l'opposition sportive et à la répétition de formes, je continue néanmoins d'enseigner à mes élèves certains "katas". Cependant je fait attention à ne pas les faire au début de l'apprentissage afin de ne pas obtenir de l’apprenant un effet de soumission.

En effet, entrer dans une forme présuppose généralement une foi en cette dernière, foi qui fourniras le "carburant" nécessaire à une pratique longue, parfois austère dont les résultats peuvent se faire attendre, parfois plusieurs années. A contrario la pratique du systéma reste le plus souvent gratifiante dans l'immédiat ce qui a été vu est susceptible d’être utilisé tel quel, sans temps de "digestion". Cette spécificité est à mon sens un des plus grands points forts de cette méthode autant qu'un de ces principales faiblesses.

De mon expérience la facilité d'apprentissage et le fait qu'elle ai lieu par soi même sans impliquer la soumission à une quelconque autorité ou à une quelconque tradition est en train de permettre une diffusion large de la discipline puisque basée sur une idéologie compatible avec l'époque. A contrario, de nombreux apprentis sorciers s'improvisent instructeurs après un ou deux ans de pratique ne prenant pas forcement le temps de laisser un procédé de maturation se faire. Que cela soit ou non une bonne chose ne nous regardes pas et dépend probablement plus de l'individu que d'une éventuelle regle générale.

Le fait est que la possibilité de trouver par soi même ses propres solutions est un des facteurs qui permet à chaque apprenant de s'approprier rapidement les premières bases du système et constitue par la même un puissant facteur d'adhésion. J'ai cependant observé, pour avoir étudié en parallèle des techniques vieilles de plusieurs siècles que la redécouverte empirique n'a que peu de chances de permettre de redécouvrir les richesses d'utilisation du corps des adeptes remarquables du passé.

Des lors je fit le choix de conserver certains katas dans mon enseignement que je tache de ne pas enseigner tels qu'ils m'ont étés transmis c'est à dire de manière analytique. En encadrant de façon plus précise la recherche libre des élèves avancés il est possible de les amener à redécouvrir par eux même ce que des dizaines de générations mirent à élaborer, parfois au péril de leurs propres vies.

Si cet encadrement est effectué de façon suffisamment subtil, l’élève n'a pas la sensation d’être guidé dans une direction aussi précise alors qu'il est en fait en train de réinventer le Leg des générations passés. Il ne s'agit donc pas de "katas" au sens courant du mot généralement incorrectement traduit par "forme" mais de la transmission du fond. Fond qui ne peut et ne doit pas à mon sens se faire en 'opposition avec l'instinct profond de l'apprenant. De cette façon, peut être, la tradition peut rester vivante...

Il s'agit donc de dissoudre la dualité entre individu au service de l'art et art au service de l'individu dans une monade permettant la libre adhésion à chacun des ses points de vues...Et ce en pratique autant qu'en théorie, les arts martiaux ayant cette vertu supposée qu'elle ne puisse s'abstraire totalement du réel pour verser dans la pure métaphysique. Mais nous traiterons de cette dualité une autre fois.

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